// rénovation du bâti ancien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rappel de l’article 9 de la charte de Venise


" La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel.
Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques.
Elle s'arrête là où commence l'hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps.
La restauration sera toujours précédée et accompagnée d'une étude archéologique et historique du monument. "

Rappel de définition pour ‘’Monument Historique’’
Ouvrage d'architecture ou de sculpture destiné soit à conserver la mémoire d'un homme, soit à perpétuer le souvenir d'un événement, les monuments (du latin monere, avertir, commémorer) reflètent, avec plus ou moins de bonheur et de force les idéaux d'une société.
Aujourd'hui, il existe plusieurs types de monuments commémoratifs: les ouvrages d'art civils, militaires ou religieux d'importance diverse (châteaux, palais, cathédrales, mais aussi bâtiment industriel, agricole ou de toutes natures) à qui a été attribué un caractère commémoratif, en raison du passé prestigieux (parfois très récent) dont ils témoignent.

Débuts en France de la conservation des monuments
Le souci de préserver, à travers un monument, l'image idéale, qu'une société se fait d'elle-même et du passé auquel elle se rattache, fit naître, à peu près partout dans le monde, mais à des moments différents de l'histoire, le désir de conserver les édifices anciens.
Cette volonté se fit jour en France à la fin du XVIIIe siècle. Les décrets de 1790 et 1792 instiguèrent une commission spéciale et dégagèrent des crédits dans le but d'assurer la conservation de certains édifices, témoignant ainsi de la volonté des Révolutionnaires de préserver le patrimoine artistique national.
C'est la même intention qui poussa les Chambres à voter, en 1830, un crédit destiné à entretenir certains bâtiments. Puis, en 1834, sur l'initiative de Guizot, alors ministre de l'Instruction publique, fut créé un «Comité historique des arts et monuments».
Fondée trois ans plus tard, la Commission des monuments historiques fut chargée de répartir les crédits affectés à ces édifices, d'examiner les projets de restauration et de faire surveiller les travaux par des inspecteurs généraux des monuments historiques.
Le premier inspecteur fut Ludovic Vitet, à qui succéda Prosper Mérimée.
Un difficile travail de classement Chronologie
Bien que définitivement mise en place par l'ordonnance royale du 19 février 1839, la commission était démunie de pouvoirs légaux et, par conséquent, impuissante face aux initiatives privées, communales ou départementales.
Aussi, elle n'entreprit que difficilement le travail de classement des monuments qu'elle était censée protéger.
Ses membres firent appel, en 1840, à l'architecte Viollet-le-Duc pour qu'il participe à la restauration de la Sainte-Chapelle et ils lui 
confièrent, par la suite, de très nombreux travaux à Vézelay, Carcassonne, Pierrefonds, etc.
Les pouvoirs de la commission furent considérablement étendus par la loi du 30 mars 1887, complétés par un règlement d'administration publique en date de 1889.
Désormais, tous les ouvrages d'art jugés intéressants à conserver pouvaient être classés parmi les monuments historiques.
La création (loi du 21 avril 1906) dans chaque département, d'une commission pour la protection des monuments ou sites naturels de caractère artistique fut suivie des lois du 31 décembre 1913 et du 23 juillet 1927 qui précisèrent le mode de classement et la conservation des monuments historiques.
Il était prévu qu'une fois classé, le monument devienne l'objet d'une surveillance spéciale de la part de l'État qui, dès lors, concourrait aux frais exigés par son entretien et sa conservation: c'était le rôle de la Caisse nationale des monuments historiques et ressources budgétaires. Aujourd'hui, cette tâche est exercée par l'entremise du secrétariat d'État aux Affaires culturelles, assisté de la Commission des monuments historiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Généralités sur l’origine et usage des liants
 
L'usage de la chaux dans l'habitat remonte à l'antiquité (le carbonate de calcium étant le matériau le plus répandu sur la terre) :
 
les murs de la ville de Jericho bâtis en briques de terre crue, étaient enduits à la chaux; pour la grande muraille, les chinois se sont servis de la chaux pour stabiliser les terres; au "Maroc, en Perse, des terrasses, assurant une bonne étanchéité, étaient constituées d'un mortier d'argile, de chaux et de paille.
 
Les grecs et les romains créèrent les liants hydrauliques en additionnant à la chaux des matières pouzzolaniques (briques pilées, cendre volcanique).
 
Dans les "dix livres sur l'architecture" Vitruve décrit les mortiers et enduits multicouches qui ont permis la réalisation d'ouvrages d'arts comme le célèbre aqueduc nommé "Pont du Gard",
 
La chaux fut utilisée jusqu'à la deuxième moitié du 19ème siècle date à laquelle apparaît la fabrication au stade industriel du ciment (1850: première usine française de ciment Portland artificiel).
 
Une production de chaux existait tous les 30 à 50 kms (distance maximale pouvant être parcourue à l'époque). Les produits obtenus étaient loin d'être aussi homogènes qu'aujourd'hui (standardisation industrielle). Le ciment commença alors à remplacer peu à peu la chaux dans l'habitat grâce à sa prise rapide et à ses propriétés mécaniques.
 
Mais c'est seulement dans les premières décennies du 20eme siècle que les fours à chaux, abondants dans nos campagnes, s'éteignent et que le ciment remplace la chaux pour la réalisation d'enduits.
 
Pour la Chaux Hydraulique Naturelle (XHN), le départ de la production rationnelle industrielle, après recensement des sites par Monsieur Vicat, coïncide avec le début de la construction des voies de chemin de fer et des ports.
 
Aujourd'hui, la production de chaux est toujours très importante et se fait au sein d'unités de productions industrielles (près de 3,6 millions de tonnes en FRANCE en 1980), mais seulement 1% du tonnage de chaux aérienne est utilisé dans le bâtiment.
 
Les utilisations principales de la chaux se situent dans l'aciérie, la pétrochimie, l'agriculture, la construction routière.
 

Données techniques
 
Une chaux est le produit de la cuisson d'un calcaire, suivi d'une extinction.

Chaux aérienne: définition
La chaux aérienne est obtenue par calcination d'un calcaire très pur à, une température voisine de 1000°. Le carbonate de calcium, constituant l'essentiel du calcaire, se dissocie pour donner l'oxyde de calcium (CaO, chaux vive) et du gaz carbonique.
 
Cac03       +      chaleur >     Cac0          +         cO2
carbonate de calcium           Chaux vive           gaz carb
1kg         +      425 kcal         560g       +           440g
 

La chaux vive (CaO) est hydratée (éteinte) selon la réaction :
 
CaO      +     H20    >    Ca(0H)2         +       chaleur
chaux vive         eau        hydroxyde de calcium ou chaux éteinte.
560g      +     180g            740g           +         86,8kcal
 

Le durcissement provient de la re-carbonatation de l'hydroxyde de calcium sous l'effet du gaz carbonique de l'air.
 
Ca(0H)2    +     co2           >      Cac03       +        H20
chaux éteinte      gaz carbonique    Carbonate         eau
 

Le contact de l'air est indispensable, pas de prise sous l'eau ou si l'épaisseur de mortier est trop importante.
La réaction ne se produit qu'en milieu humide (l'eau se comporte comme un catalyseur).
Distinction Chaux aérienne, Chaux hydraulique
 
La distinction entre Chaux aérienne et Chaux hydraulique se fait par la composition du gisement, dès que la silice est présente, une XHN est obtenue.
• la chaux aérienne ne durcit, après gâchage, qu'au contact de l'air (C02)
• la chaux hydraulique après gâchage, durcit en contact de l'air (part aérienne) et avec l'eau (part hydraulique).
La distinction se fait à l'aide des paramètres suivants:
- indice d'Hydraulicité :
ce paramètre définit les chaux hydrauliques qui tiennent leurs propriétés de l'importance des éléments argileux de la roche mère.
i = % Si02 + % Al203 + % Fe203
         % CaO + % MgO
La chaux grasse (ancienne terminologie chaux aérienne) a un indice d'hydraulicité compris entre 0 et 0,10.
Les chaux hydrauliques ont un indice d'hydraulicité de 0,20 à 0,50. Il est â noter qu'il reste dans les Chaux Hydrauliques Naturelles (XHN) une part importante (de 40 à 60%) de chaux aérienne CA (OH)2.
Il ne faut tenir compte dans les calculs que de la silice combinée, et non pas de celle du gisement. Ce sont, en fait, les performances à 28 jours, qui caractérisent une chaux hydraulique.
 
Fabrication de la chaux
En France, les gisements de roche mère (calcaire) proviennent tous de terrains de l'ère secondaire produits par les dépôts des organismes marins au fond des mers (depuis environ 80 millions d'années).
Parmi les gisements, on trouve les pierres à chaux, les marbres, les craies, les dolomies et travertins. Dans certains pays, des coquillages et coraux; sont également utilisés.
La roche mère doit contenir entre 90 et 96 % de CaCo3 (carbonate de calcium).
Le reste est composé de silice, alumine, oxyde de fer, potasse, soude, sulfate et magnésium.
Il est important de signaler que les normes ont été établies pour l'industrie (sidérurgie entre autres). La présence de silice et d'alumine, néfaste pour l'industrie, offre des propriétés hydrauliques intéressantes pour le bâtiment. De ce fait, les chaux produites artisanalement dans nos campagnes jusqu'avant la deuxième guerre mondiale, étaient généralement issues de calcaires moins purs et les chaux obtenues, bien qu'entrant dans la catégorie "chaux aérienne" (chaux grasse), possédaient une part d'hydraulicité supérieure.
Les chaux grasses traditionnelles étaient, en fait, souvent des Chaux Hydrauliques Naturelles à faible taux d'hydraulicité. D'où la nécessité de presque toujours utiliser des bâtardages CAEB - XHN.
La calcination
La cuisson de la pierre à chaux s'effectue dans un four dont la technologie a évolué du four archaïque jusqu'au four industriel moderne. On peut citer:
Le four à chaux archaïque composé d'un énorme empilage de bois sur lequel sont disposés les morceaux de calcaire.
· Le four discontinu artisanal où le feu est maintenu sous la voûte de roche mère
· Le four continu traditionnel où le calcaire est mélangé avec le combustible.
· Les fours industriels modernes à combustibles solides, liquides ou gazeux, verticaux ou horizontaux, le type horizontal permettant une production plus importante mais de qualité moindre et coûteuse en énergie.

L'extinction
Traditionnellement, l'extinction de la chaux se faisait sur le chantier par fusion.
On étend la chaux sur une aire bien battue et on verse dessus l'eau nécessaire, après l'avoir entourée d'une bordure du sable qui doit servir à faire le mortier..." (Nouveau manuel du Maçon par M. Toussaint 1864).
Sur les plus gros chantiers, on établissait une fosse en maçonnerie dans laquelle on éteint la chaux en bouillie, puis, en soulevant une vanne, on la fait tomber dans une fosse plus grande, dans laquelle on la conserve et on la puise selon les besoins ..."
(ceci ne s'applique bien sûr qu'à la chaux aérienne, la chaux hydraulique devant être utilisée rapidement).
Aujourd'hui, l'extinction de la chaux pour le bâtiment est réalisée en usine dans des hydrateurs fonctionnant par aspersion.

Usage de la chaux dans la construction
L'utilisation de la chaux a progressivement diminué au profit du ciment même dans les secteurs où ses qualités étaient largement reconnues.
On trouve encore, chez de nombreux artisans maçons une certaine nostalgie pour cette fameuse chaux devenue quasiment introuvable.
Aussi, la chaux doit retrouver une utilisation dans les domaines où son emploi est préférable, grâce à ses qualités de plasticité, d'élasticité, de perméabilité à la vapeur d'eau.
Ces qualités sont particulièrement adaptées à la réalisation d'enduits et badigeons.
Monsieur P. Bergoin, directeur technique des chaux de St Astier écrit:
"Nous pensons que, de tous temps, l'utilisation de chaux en quantité importante dans la construction s'est faite surtout pour les qualités de durcissement qu'elle apportait.
Cette prise diminuait les' temps d'attente et apportait aux ouvrages une tenue aux intempéries et une meilleure durabilité (dans tous les autres cas, la terre suffit amplement.
Pour ce qui est de la chaux très peu hydraulique (CAEB, chaux aérienne éteinte bâtiment), des correctifs ont été utilisés dans le passé pour la rendre plus performante et donc surtout "hydraulique"
Dans certains cas, on a pu constater un résultat comparable à celui obtenu avec un ciment pouzzolaniques d'aujourd’hui (piscine romaine). Les études, en cours actuellement, montrent qu'il n'est pas conseillé d'employer aujourd'hui une CAEB non bâtarde en travaux de construction ou d'enduit.
Dans tous les cas, un bâtardage s'impose pour retrouver une partie des liants antérieurs."
Les enduits à la chaux
 

La Normalisation

La Chaux Aérienne Eteinte pour le Bâtiment (CAEB) est enregistrée à l'Afnor depuis juin 1981 sous La norme NF P15510
La Chaux Hydraulique est enregistrée à l'Afnor depuis Juin 1981 sous la norme NF P 1531 0
La Chaux Hydraulique Artificielle (XHA) sous la norme NF P 15312
Les XHA ne sont en fait pas des chaux.
Les D.T.U. : Les Documents Techniques Unifiés constituant les éléments techniques de référence dans la Construction en France, sont essentiellement tournés vers la construction neuve. Ils sont une normalisation de base obligée pour les travaux de réhabilitation - restauration.
Le DTU concernant les travaux d'enduits est le DTU 26.1. Enduits aux matières de liants hydrauliques et plâtre.
Ce DTU a été complètement reformulé récemment et ressorti en 1990, car il ne faisait pas place aux liants "chaux naturelles" (CAEB et XHN). On y trouve donc décrites comme réglementaires, les utilisations de mortiers de chaux, badigeons, suivant dosages et recommandations déjà usités sur le terrain par les spécialistes de la restauration.
A noter que le DTU 26.1 ne s'applique pas aux supports terre crue.
La perméabilité

Perméabilité à la vapeur d'eau pour une humidité relative de 45% :
Un enduit doit avoir la possibilité de se sécher aussi vite qu'il se mouille, ce qui sous-entend qu' hydrofugation ou ciment pur est totalement rédhibitoire.

Les avantages
Les enduits traditionnels de tout notre patrimoine architectural étaient réalisés à la chaux avec des sables locaux. Ils sont indispensables pour la restauration et offrent également des avantages pour la construction neuve:
- harmonie avec" l'environnement, la chaux respecte la couleur du sable local
- facultés d'adaptations intéressantes sur tous supports - peu de faïençage
- perméabilité à la vapeur d'eau: le mur "respire", pas de condensation
- imperméabilité à l'eau de ruissellement
- bonne isolation phonique et thermique
- bonne élasticité de l'enduit et donc limitation des fissures.
 
La pratique des enduits à la chaux
Les composants :
 
Le liant: CA.E.B seule (dans des cas précis et assez rares) ou C.A.E.B + liant hydraulique (XHN chaux hydraulique naturelle). La chaux est blanche, blanc cassé ou ocre selon la nature de la roche mère utilisée.
L'eau de gâchage: Elle doit être propre et ne pas contenir de sel pouvant modifier le temps de prise.
Le sable: Tous les sables sont utilisables à condition que leur granulométrie soit acceptable: plus le sable est fin, plus le mortier est facile à travailler mais moins il est compact et résistant. Il faut une proportion forte de grains supérieurs (2 à 3mm). Les observations d'enduits traditionnels révèlent, entre autre, l'usage de sable très grossier: présence de grains supérieurs à 5 mm.
Une deuxième condition réside dans la teneur en argile du sable. Il est conseillé d'utiliser des sables dont la teneur en argile est inférieure à 5%. Les sables de rivières conviennent généralement, les sables de carrières sont également très intéressants par la texture et la couleur qu'ils apportent à l'enduit. Cependant; avant emploi, il faut vérifier s'ils ne sont pas trop gras (trop riches en argile et en particules très fines).
Des sables gras sont également utilisables, soit après lavage, soit en réduisant les dosages en chaux.
Certains enduits traditionnels réalisés à base de sable gras, voire même de terre montrent des qualités d'adhérence et d'aspect non négligeable, attention cependant au retrait et à la fissuration.
Pour vérifier la teneur en argile d'un sable, il suffit de laver ce sable dans un tamis aux mailles de 80 microns et de comparer les quantités de passant et de refus.
A défaut du tamis de 80 microns, on peut réaliser une sédimentométrie simplifiée en laissant décanter dans un bocal de verre, un mélange de sable et d'eau fortement agité. Le sable se dépose en premier, les limons et argiles se déposent en dernier.
 
La part d'argile et limons ne doit pas dépasser environ 5% (1/20 du mélange).

Les dosages
Enduits à la C.A.E.B pure (à proscrire ou à utiliser avec précaution) :
Le dosage peut se faire dans la fourchette de 1 volume de C.A.E.B pour 2 volumes de sable à 1 pour 3. Il faut noter que la masse volumique de la C.A.E.B. est voisine de 450 g par litre (contre 1200 g par litre pour le ciment). Les dosages en chaux par m3 de sable sont étonnamment faibles.
 
La réalisation d'un enduit lié à la seule chaux aérienne est possible lorsque les conditions suivantes sont réunies:
• façades possédant une orientation très favorable ou murs intérieurs à l'abri des remontées capillaires et hors des zones à risques de stagnation d'eau
• réalisation par un artisan qualifié capable de mettre en œuvre l'enduit en couches minces permettant une bonne carbonatation
• respect du rythme préétabli de mise en œuvre (3 semaines minimum entre couches) et dans la période adaptée; (hors risque de gel et dessiccation).
Il est à noter que toutes ces conditions sont rarement réunies :
Conseils Pratiques :
• ne pas réaliser de couches trop épaisses (maximum 10 mm)
• laisser un délai suffisant entre deux couches (au moins une semaine)
• éviter une dessiccation trop rapide. Le mortier doit être maintenu humide pendant plusieurs jours.
• humecter mais avec modération le support.
 
Enduits à la C.A.E.B avec apport de liant hydraulique
L'addition d'une quantité de liant hydraulique à un mortier à la C.A.E.B ne porte pas préjudice aux qualités du mortier de chaux et le rapproche même des qualités des mortiers traditionnels à base de chaux grasses locales.
Cette adjonction modérée permet de se libérer de certaines contraintes :

• meilleure résistance aux choc
• meilleure résistance aux intempéries
• prise plus rapide
• meilleure résistance au gel et aux remontées capillaires.
 
Dosages possibles :
 

  C.A.E.B. Chaux
hydraul. nat
Sable
Proportion (en seaux et en poids) 2/3
150kg
1/3
135kg
2
1000 l
Proportion (en seaux et en poids) 2/3
120kg
1/3
110kg
2,5
1000 l
Proportion (en seaux et en poids) 3/4
170kg
1/4
100kg
2
1000 l
Proportion (en seaux et en poids) 3/4
135kg
1/4
80kg
2,5
1000 l
Proportion (en seaux et en poids) 4
150kg
1
67kg
12
1000 l




Ces dosages ne sont donnés qu'à titre indicatif. En effet, les caractéristiques
du sable influent sur la dose de chaux à utiliser (granulométrie, présence d'argile..,)
Test de la plaque de verre: Un test simple permet de "régler" le dosage.
Préparer une petite quantité de mortier avec trois dosages de référence : par exemple (V = volume de référence = un verre)
 
-  2 V. sable            + 3/4V. CAE.B               + 1/4 V. XHN
-  2,5 V. sable           + 3/4V. CAE.B              + 1/4 V. XHN
-  3V. sable             +3/4V. CAE.B               + 1/4V. XHN
 
A partir de ce dosage, on réalise trois galettes de 6 à 8mm d'épaisseur sur une plaque de verre. Après 24 h, on observe les galettes: si le mortier s'effrite, le dosage en chaux est trop pauvre la recherche de l'indice du vide du sable est un moyen très sûr et facile à réaliser suivant la méthodologie décrite dans le paragraphe 4.14c.
Quelques exemples de mise en oeuvre d'après les prescriptions de Balthazard et Cotte:
Pour obtenir un mortier performant, il faut que la chaux comble avec un léger excès les vides présents entre les grains de sable.
Pour cela, il faudrait connaître l'indice de vide du sable. Afin de situer ce paramètre, il faut déjà savoir que plus un sable est fin, plus son indice de vide est faible et plus le sable est grossier et propre (dépourvu de limons et d'argile) plus son indice de vide est fort.
 
Test de l'indice de vide:
Si l'on désire connaître l'indice de vide de façon précise une manipulation simple le permet.
Cet essai nécessite un matériel réduit: deux éprouvettes graduées (ou verre mesureur ou bocaux de verre et un double décimètre).
On remplit une éprouvette d'eau jusqu'à la graduation 100, l'autre avec du sable sec jusqu'à la graduation 100 également.
On sature le sable avec l'eau jusqu'à ce que l'eau ait complètement rempli les vides du sable et arrive en haut du sable (il faut éventuellement attendre 1 heure pour que l'eau descende parfaitement dans le sable).
On mesure la quantité d'eau qui est entrée dans le sable on mesure le niveau de sable saturé (en général légèrement inférieur à 100) et on fait le rapport volume d'eau sur volume de sable, ce qui donne l'indice de vide.

L'emploi du grillage
Il est à noter que l'accrochage d'un enduit sur son support est un accrochage uniquement mécanique et non un collage. Pour que l'accrochage soit bon, le support ne doit pas être trop lisse et la dureté des couches doit être décroissante du support vers la dernière couche de finition.
Les mortiers aux liants hydrauliques (ciments) trop durs et pas assez souples, n'adhèrent pas sur le pisé, le grillage est indispensable. Le rôle du grillage ne consiste pas à faire adhérer l'enduit au support. Il constitue une armature pour l'enduit. Le décollement de l'enduit est inévitable, on obtient une carapace dissociée du mur "sonnant creux".
Si le grillage est indispensable pour les enduits au ciment, (à ne pas utiliser sur la terre crue), il ne l'est plus pour les enduits à la C.A.E.B. Il peut constituer une sécurité, mais il présente comme inconvénient :
- d'augmenter le temps de mise en oeuvre et donc le coût final de l'enduit.
- d'augmenter l'épaisseur de l'enduit mis en oeuvre.
- de supprimer une des qualités de constructions traditionnelles qui réside dans leur" grande salubrité au niveau radio électrique." En effet, recouvrir les murs d'une maison d'un grillage transforme celle-ci en véritable cage de Faraday.
Dans certains cas de dégradation importante du support (pierres gélives, pisé très érodé) un grillage peut-être obligatoire et sera mis en place sur les zones critiques. Lors du mélange de divers matériaux comme cela est malheureusement fréquent le cas sur des restaurations mal conçues (par exemple pisé, béton et agglos de béton), il est nécessaire de "ponter" les différents matériaux à l'aide d'un grillage afin de pallier aux problèmes de datation.
Apport de matériaux pouzzolaniques
Les matériaux sont à forte teneur en silice et en alumine, qui réagissent avec la chaux et donnent au mélange des propriétés hydrauliques.
Le terme de matériaux pouzzolaniques vient du fait que les cendres volcaniques, les pouzzolanes du nom de la ville italienne de Pouzzoles, sont parfaitement représentatives de ce type de matériaux.
Les bétons et mortiers romains étaient composés de chaux et de pouzzolanes.
Des produits artificiels ont souvent fait office de matière pouzzolaniques dans les enduits :
- argile cuite pulvérisée: les romains utilisaient des tuiles et briques pilées pour leurs mortiers et enduits. Cet usage se perpétue en Inde ("Surkhi") en Indonésie ("Cemenmera") , en Egypte ("Homra"
- des cendres de déchets agricoles peuvent être également de très bonnes matières pouzzolaniques, les cendres de balles de riz par exemple ont un pourcentage en silice de 95 %.       
Les enduits prêts à l'emploi
Ces produits sont largement diffusés depuis des années par les sociétés de Chaux et Ciments, comprenant des liants (chaux, ciments), des charges (sables, "flllers") des colorants et des adjuvants.
Ces produits sont "simplement" mélangés à l'eau sur le chantier, leur présentation rapide par des échantillons dans une gamme de couleur assez classique.
Du fait du développement du marché de la réhabilitation et de la prescription unanime sur l'utilisation de la chaux et non des ciments et autres produits (peintures, enduits plastiques, et même l'isolation par l'extérieur ! ) ces produits sont maintenant bien mieux adaptés au bâti ancien.
La chaux a sa place dans les dosages de ces produits, mais l'ajout d'adjuvants, de résines, et les dosages en CAEB ciments, ciments blancs, ne sont guère explicites.
Ces produits sont assez chers, et leur utilisation par l'entreprise doit être maîtrisée.
Ces mortiers sont généralement parfaitement adaptés aux maçonneries anciennes en pierre, mais le sont nettement moins aux murs de terre crue. Ils offrent une sécurité à l'entrepreneur mais limitent la créativité (sables locaux ...).
Les techniques annexes
Les badigeons :
Procédé économique et hygiénique, le lait de chaux était autrefois utilisé pour peindre les murs intérieurs et extérieurs.
Il tue les bactéries et les larves, c'est son PH élevé qui lui donne ses propriétés
Les badigeons permettent d'obtenir des couleurs "aquarellées", transparentes, en superposant 2 ou 3 couches de teintes différentes, sur un fond clair et uniforme.
Ils sèchent vite et doivent être appliqués sur l'enduit humide ou humidifié. Ils peuvent avoir un effet curatif de bouchage sur des enduits microfissures, ou faïencé, et rattraper des défauts d'aspect, (gâchage, plan d'échafaudage, mauvaise dispersion des colorants).
Pour fixer les badigeons, l'utilisation d ‘un polyacétate de vinyle (rhodocim de sika, Emultor de sodap etc), est aujourd'hui la solution la plus efficace et la plus facile.
Pour des cas particuliers, on peut employer de la caséine, de l'huile de lin.
Il faut savoir que les fixatifs rendent les couleurs plus vives. Il est donc conseillé de pratiquer un essai avec le fixatif.
L'étude arim Montpellier a pu démontrer que les enduits anciens, entretenus par badigeon, étaient dans un très bon état de conservation.
 
Préparation du support
Les badigeons s'appliquent sur des fonds solides, propres et non farineux. Ils ne peuvent trouver leur adhérence sur des enduits contenant des imperméabilisants et sur les peintures aux résines de synthèse.
Les badigeons sont exécutés deux à quatre heures après la couche de finition. Ils sont dans ce cas appelés "à la fresque".
Passé ce délai, ils ne pourront être appliqués avant complète siccité du support (pour que le liant ait bien carbonaté).
Dans ce cas, les badigeons sont "à sec". L'humidification du support avant chaque couche est nécessaire en période sèche, très ensoleillée ou ventée, sur un fond très absorbant.
Préparation d'un badigeon: afin d'éviter les reprises, préparer en une seule fois les quantités nécessaires à une seule couche. Un agitateur électrique facilite le brassage, évite la formation d'agglomérats lors du mélange chaux et eau, il assure la dispersion homogène des colorants et permet d'éviter le dépôt de la chaux. Le mélange se garde sans difficulté d'un jour à l'autre s'il ne contient pas d'adjuvants, la chaux aérienne ne durcissant pas au contact de l'eau.
Mise en place du badigeon: Utiliser une brosse souple (pas de nylon) ou un pinceau épais, appliquer de haut en bas.

Dosage du mélange : Selon la transparence souhaitée, le dosage variera de 1 volume de chaux pour 2 volumes d'eau, à 1 volume de chaux pour 5 volumes d'eau. Le poids des charges colorantes ne pourra jamais excéder 10% du poids de liant sec pour les oxydes et 25% pour les terres.
Généralement on emploie le mélange suivant :
1 sac de chaux de 25kg dans 100 l d'eau + 2 litres de poly acétate de vinyle (Rhodocim de Sika ou autres).Après humidification, appliquer la 1ère couche, blanche pour uniformiser le support, et 24 heures après la 2~ couche blanche ou teintée.
Remarque :
Les badigeons à la C.A.E.B. sont parfaitement adaptés aux enduits à base de plâtre.
-  La teinte s'éclaircit en séchant, les terres d'ombre s'estompent dans le temps, par contre, les oxydes minéraux ou métalliques se renforcent par oxydation secondaire.
-  Il est nécessaire de ré humidifier légèrement la 1ère couche avant d'appliquer la seconde.
-  Il est judicieux de rajouter un peu de teepol (utilisé comme d'agent mouillant) pour la 2 eme couche lorsqu'elle est teintée, à raison de 5 ml par seau de 10 l de lait de chaux, de manière à rendre l'ensemble plus homogène et faciliter la diffusion des colorants.

Les badigeons prêts à l'emploi :
Ces produits permettent rapidement le choix dans une gamme de couleur préétablie, évitent le risque d'une erreur de composition sur le chantier, mais ne laissent pas la liberté de création sur place.
Certains produits sont livrés en blanc seulement, la coloration se faisant sur chantier (Ravalith de St Astier par exemple).
Mortiers plâtre et chaux :
L'adjonction de 25 à 35 % de C.A.E.B retarde la prise du plâtre, améliore son ouvrabilité et donne un enduit plus résistant. Son emploi est possible, bien sûr à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur comme traditionnellement en région parisienne. Ce type d'enduit doit être appliqué sur une façade, mettant à l'abri de la pluie la partie supérieure de l'enduit, et recoupée à chaque plancher par un bandeau, évitant un ruissellement de la pluie depuis le haut de la façade. Les rejaillissements en base de mur doivent également être évités : dosage: 1 V. de C.A.E.B (6 kg), 2 V. de sable sec (30 kg) 3 V. de plâtre gros de construction, P.G.C nO1 norme NF B 12.301 (40 kg)
Le mélange est homogénéisé à sec et gâché avec 25 litres d'eau (1,5 volume). La mise en place s'effectue en plusieurs passes rapprochées dans le temps pour constituer une seule couche.
Fresque

La fresque, au sens premier du terme, est l'art de travailler un enduit de chaux peint dans le frais qui par cristallisation fixera les pigments de couleur formant un tout homogène.
Le mortier support de l'oeuvre est essentiel, il se compose d'un volume de chaux pour deux volumes de sable. La proportion d'eau est capitale et ne doit pas dépasser la proportion de 2/3 du volume de chaux (CAEB 3/4 XHN 1/4). L'excès d'eau est la faiblesse du mortier et non l'excès de chaux.
Pour malaxer: soit à la main et par piétinement, soit dans un malaxeur à axe vertical soit à la bétonnière classique en veillant à éviter tout excès d'eau.
Sur l'enduit, un lait de chaux est appliqué, puis il est \ poli. La première couche de couleur est passée lorsque l'enduit est amoureux, c'est-à-dire lorsqu'il absorbe la couleur (16 à 18 % d'humidité). La deuxième couche est passée environ dans les deux heures suivantes mais, ici, le métier de fresquiste permet de déterminer le "bon moment".
Enduits à la chaux pure
Cet enduit est uniquement composé de chaux et d'eau toujours appliqué sur un mortier de support. Il est serré à la taloche puis finement poli. L'aspect de finition dépend du polissage effectué. Parfois étaient ajoutés des colorants (oxydes métalliques, ocres naturels, briques pilées) ou des poils de veaux. Au Maroc, on peut observer des exemples de tels enduits, appelés TADELLAKT, plusieurs fois centenaires. Employés à l'intérieur comme à l'extérieur, leur étanchéité est remarquable. Ils servent notamment à recouvrir les murs du bassin de la Ménara à MARRAKECH.
Le Marmorino italien ou "faux marbre", qui fut un des Arts de la Renaissance, utilise, lui, un mélange moitié chaux et moitié poudre de marbre. On le réemploi actuellement avec succès, et on peut remarquer les essais de copies avec des produits synthétiques très onéreux.

Mortier de chaux avec adjonction de fibres

Certaines fibres végétales ou animales donnent de très grandes qualités aux mortiers de chaux. Parmi celles-ci on peut citer les anas de lin. Il s'agit d'une paille courte et fine qui offre une très grande souplesse au mortier. Le dosage peut aller de 10 à 30 litres de paille pour 100 litres de mortier. La paille absorbe une quantité importante d'eau lors du gâchage, le dosage en eau est donc supérieur à celui d'un mortier classique.
D'autres fibres sont utilisables telles que la paille de blé ou d'orge, les poils de veaux ou de porcs

Utilisations diverses en maçonnerie :
Pour hourder des maçonneries de pierres, de briques, de terre..., la Chaux Hydraulique XHN est parfaitement adaptée à cet usage, que ce soit en restauration ou en construction neuve. Elle permet la similitude avec l'existant et la compatibilité avec les enduits à la chaux.
Pour certains ouvrages, il est possible d'incorporer de la chaux XHN dans les bétons, mais sans que cela soit préjudiciable à la résistance.
En restauration, pour des carrelages terre cuite, et dans des cas d'humidité au sol, il est judicieux, en suivant certaines précautions, de réaliser des dalles à la chaux XHN.
La Chaux Aérienne est peu adaptée puisqu'elle ne durcit pas dans l'épaisseur des murs maçonnés.

Archéologie des enduits
L'étude archéologique de la chaux, à travers des applications enduits et mortiers, compte parmi les thèmes de recherche les plus actifs de ces dernières années. Parmi les facteurs ayant entraîné cette nouvelle orientation, il est probable que l'extension du sujet archéologique à tout l'ensemble des élévations, ait fourni matière à des observations plus nombreuses, et dans de meilleures conditions que celles pratiquées jusqu'alors à l'occasion de fouille.
Le travail de terrain de l'archéologue, va consister à établir la succession éventuelle de toutes les peaux qui recouvrent un édifice, en notant pour chacune d'elles, leurs caractéristiques (composition, mise en oeuvre, couleur, épaisseur, granulométrie, dégradations, décors...), leur localisation et enfin les liaisons obtenues avec l'architecture (enduit en connexion avec telle ouverture ou rebouchant, continuité du mortier d'hourdage et de l'enduit sus-jacent..)
Ce n'est qu'au terme de cette enquête confrontée à la documentation d'archives que pourra être éventuellement proposée une chronologie.
Cependant, des difficultés d'enregistrement, dues à la faible qualité descriptive de certains mortiers, apparaissent fréquemment et gênent considérablement les possibilités de comparaison sur un même site, et à plus forte raison sur des sites différents.
Des recherches multiples en laboratoire tentent d'analyser et de quantifier les composants des mortiers, afin d'en cerner les caractéristiques: analyse granulométrique, dosage en liant, provenance de la chaux et des granulats, porosité, friabilité, résistance, fissuration L'analyse des pollens piégés dans les mortiers, permet d'indiquer la saison de leur fabrication, et entrouvre une voie prometteuse dans leur comparaison sur un même lieu.
Deux méthodes de datation des mortiers ont été tentées: il s'agit de la méthode du carbone 14 et la datation par thermoluminescence.
1.  La première méthode, basée sur le fait qu'un mortier de chaux grasse durcit en absorbant, comme un être vivant, du gaz carbonique dont une part de carbone radioactif, se heurte au problème de la durée de la prise qui peut être très longue, et par conséquent fausse le résultat.
2.  La seconde méthode qui s'applique aux carbonates (cristaux piégeant les photons libérés lors d'un fort réchauffement), reste théorique de part la présence de carbonates anciens contenus dans le granulat.
Enfin, notons que les additifs, tels sang, oeuf, huile... qui appartiennent aux recettes du maçon, n'ont pu à ce jour être mis en évidence.
 
Pathologie sommaire des enduit et restauration
Ce domaine très vaste peut nécessiter une analyse très précise: analyse de la composition d'un mortier d'enduit en laboratoire, connaissance particulière des spécificités locales (type de chaux et sables utilisés, adjuvants anciens, analyse des sous couches,..).
Les données fournies ici ne serviront qu'à une meilleure connaissance des mises en oeuvre d'enduits déjà décrites, et montreront la nécessité d'une approche analytique, ou du moins, d'une prudence dans l'intervention.
Il faut rappeler tout d'abord la complexité et l'étendue de ce domaine: - Les supports différents,
- Les différences locales dans les enduits, dues aux caractéristiques des sables, des chaux, des mises en oeuvre;
- Les différences suivant les époques, que l'on peut retrouver conjointement sur le même édifice.
n existe donc peu de recettes miracles, de publications exhaustives, de résumé globalisant.
L'analyse ci-dessous permettra, à partir de notre connaissance du bâti existant en pisé et de ses caractéristiques très précises, une approche concrète de la restauration et dont nous préconisons la démarche, les "recettes" étant à adapter à chaque fois.
Il est d'abord nécessaire de réaliser une analyse globale, !!I!. Diagnostic de l'ensemble du bâtiment, car celui-ci est unique, malgré des caractéristiques répétitives (soubassement pierres, pisé,..), et il a "une vie", une histoire avec des modifications particulières, des pathologies actuelles, des projets d'aménagements éventuels .

Diagnostic :
y a t-il des fissures, donc des risques de mouvements structurels à venir?
y a t-il des problèmes d'humidité, risquant de provoquer des dégradations des enduits?
Analyse des supports :
Matériaux de murs: pierres, pisé, briques, bois, béton, parpaings,
- le pisé toujours réalisé avec une terre locale, a des caractéristiques spécifiques; beaucoup de sable pisé offrant peu d'accrochage aux enduits beaucoup d'argile: pisé sensible à l'eau, peu d'accrochage aux enduits beaucoup de gravier: pisé plus facile à enduire
- l'hétérogénéité des matériaux composants les murs nécessitera des précautions "pontage" par un treillis métal ou de verre, sous couches éventuellement différentes,..)
- pisé non enduit, en bon état; faut-il vraiment enduire?
Etat des supports :
- Support humide: à traiter avant tout enduit
- Fissures: pose de témoins.
- Pisé très érodé: nécessité d'enduit
- Analyse des enduits existants :
- Comportement des enduits existants? Sont-ils décollés?
- Sont-ils récupérables? Entièrement, ou en partie?
Sont-ils récents? Avec des composants incompatibles avec le pisé; ciment, peinture et produits plastiques étanches?
Un enduit peut paraître très érodé, mais il peut être simplement très vieux.
Principes de la restauration, ou de la réalisation d'enduits :
Essayer de conserver tout enduit mince présentant un bon accrochage. Cela évite une intervention complète coûteuse, et les risques de dégradation lors d'un piquage.
Enduit 1 couche (finition), après reprise éventuelle des manques
Enduit assez épais, résistant qui tient: le piquage risque d'arracher une importante épaisseur de pisé, donc l'enduit devra être encore plus épais.
Badigeon épais (3 à 4 couches) pour couvrir les aspérités et après reprise éventuelle des manques.

Enduit neuf :
Piquage de l'ensemble, ou uniquement des parties décollées, piquage manuel et non au marteau piqueur ou burineur.
Brossage dépoussiérage (au balai plastique ou air comprimé.) - Reprise des trous, fissures;
Celle-ci doit constituer une seule opération; reprendre uniquement les trous, fissures (à agrandir), par un mortier de chaux avec éventuellement des pierres, morceaux de tuiles (tulleaux) , avec badigeon d'accroche.
 
Intérieurement, on choisira un mortier de plâtre et chaux (CAEB) qui permet de reboucher plus facilement les trous.
Toute charge importante doit être reprise en plusieurs passes; temps minimum entre chaque passe de rebouchage de trous: 1 jour.
Badigeon d'accroche et pour humidifier le mur, passé au balai ou au pulvérisateur.
Temps minimum entre chaque couche d'enduit: 1 semaine. - Dosages: voir tableaux.
Les murs étant construits avec un fruit (murs inclinés vers l'intérieur), il ne faut pas rattraper celui-ci par un enduit trop épais, les angles seront de préférence réalisés sans arêtes vives pour conserver la douceur des formes de ces bâtiments anciens.
 
Soubassement et encadrements en pierres:
 
Il est conseillé de rejointoyer les soubassements plutôt que d'enduire, sauf si ceux-ci sont abîmés ou destinés au départ à être enduits.
Les enduits devront venir "mourir" contre les pierres d'encadrement et du soubassement, et non être débordants en épaisseur sur celles-ci.
 
Les chaux disponibles sur le marché
Les différents types de chaux
Les Chaux Hydrauliques Artificielles (XIIA)
Ne pas s'y tromper, les XHA ne sont pas des chaux, mais des ciments. Ils sont produits à partir de clinker Portland et ne contiennent pas de chaux à l'état libre, la perméabilité à la vapeur d'eau des enduits réalisés à base de XHA est très faible, comparable à celle des enduits aux ciments, exemple : Chaux belledone, Télur, chaux grappier, etc.

Les Chaux Hydrauliques Naturelles (XIIN).
Produites par cuissons de calcaires naturels contenant un certain pourcentage d'argile avec une addition éventuelle de produits dits "améliorants" (grappiers, clinker, laitiers, pouzzolanes) exemple: chaux blanche Lafarge (avec additif de ciment blanc) chaux de St Astier

Les Chaux Aériennes Eteintes pour le Bâtiment (CAEB).
Produites par cuisson de calcaire pur à une température voisine de lOOO°C - exemples: C.A.E.B Balthazard et Cotte.

Les badigeons prêts à l'emploi
Badigeons Vixalit
Badigeons Strasser
Badigeons Ravalith (St Astier U CDC)
 
Les enduits prêts à l'emploi à base de chaux

exemple:
produits Lafarge (gamme prolifix)
produits Weber et Broutin
produit Strasser CD Z Patrimoine
produits UCDC (Chaux colorée St Astier)
 
Extrait de " Pisé, terre d'avenir" Par Jacky Jeannet, Pascal Scarato, architectes dplg Association pour la promotion de la construction en terre « Ouvrage dédié aux artisans maçons qui ont laissé leur empreinte sur notre patrimoine, à ceux qui assurent aujourd’hui la pérennité de ces savoir faire, et à tous ceux qui, un jour y participeront. »

 

Extraits DTU 26.1
CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES
 
CHAPITRE 1 OBJET ET DOMAINE D’APPLICATION

Le présent cahier des Clauses Techniques définit les règles de préparation et d'exécution des enduits épais en mortier de ciment, de chaux hydrauliques naturelles, de chaux hydrauliques artificielles, de chaux aériennes, de mélange plâtre et chaux aériennes appliqués sur les supports ci-après:

1.1 Maçonneries neuves ou anciennes de pierres, briques et blocs de terre cuite, blocs en béton, béton ordinaires, béton caverneux, bétons de granulats légers, etc. montées au mortier de liants hydrauliques.

1 .2 panneaux fibragglo

1.3 Maçonneries de blocs en béton cellulaire autoclave

1.4 Treillis métalliques
1.5 Maçonneries anciennes montées aux mortiers peu résistants à l'exclusion des supports en terre crue (adobe. gisé. torchis etc...)
On entend par enduit épais un enduit capable de rattraper les irrégularités d'un ouvrage courant de maçonnerie brute.
Ce document s'applique aux enduits extérieurs et intérieurs verticaux à fonction d'imperméabilisation et aux enduits intérieurs verticaux avec ou sans fonction d'imperméabilisation ainsi qu'aux enduits horizontaux extérieurs ou intérieurs exécutés en sous face d'ouvrages de tous bâtiments et ouvrages connexes.
Les produits prêts à gâcher (mortiers industriels) de composition conforme aux prescriptions du présent DTU sont considérés comme traditionnels.

Vis à vis de l'action de la pluie, la fonction imperméabilisation diffère de la fonction étanchéité en ce que l'imperméabilisation conférée à la paroi peut n'être pas conservée en cas de fissuration du support.

Il peut s'appliquer également aux enduits de dressement.

CHAPITRE 2 MATERIAUX
2.1 - Liants
2.10 - Liants normalisés
2.101- Ciments
Ciments Portland (CPA-CPJ) conformes à la norme NFP15301 et titulaires de la marque NF-VP et ciments à façonner conformes à la norme NF.P 15307.
Commentaire: On doit prendre des précautions particulières dans l'emploi de ciments de classes de résistances élevées.
2.102 - Chaux hydrauliques artificielles
Les chaux hydrauliques artificielles (XHA) doivent être conformes à la norme NF P 153-12 Commentaire: liants obtenus par mélange de klinker et de fil/ers calcaires, durcissant uniquement par hydratation.
2.103 - Chaux hydrauliques naturelles
Les chaux hydrauliques naturelles (XHN) doivent être conformes à la norme NF P 15310. Commentaire: chaux obtenues par calcination de roches calcaires argileuses et extinction à l'eau durcissant par hydratation et par action du gaz carbonique de l'air.
2.104 - Chaux aériennes éteintes pour le bâtiment (CAEB)
Les chaux aériennes éteintes pour le bâtiment (CAEB) doivent être conformes à la norme NF P 15510. Commentaire: Chaux obtenues par calcination de roches calcaires et extinction à l'eau 1 durcissant par fixation du gaz carbonique de l'air.
2.105 - Plâtre de construction
Ce doit être un plâtre gros de construction (PGC) conforme à la norme NF 8 12 301 fabriqué sans aucun ajout.
2.11 - Liants non normalisés 2.111 - Liants spéciaux
Les liants spéciaux pour enduits ne doivent pas être mélangés avec d'autres liants ni être modifiés sur chantier par addition d'adjuvants.
2.112 - Ciment prompt
Ce ciment peut être employé seul ou avec des chaux hydrauliques naturelles, artificielles, aériennes ou du ciment Portland.
2.113 - Chaux aériennes: obtenues par extinction artisanale ou industrielle de chaux vive.

 
CHAPITRE 4
 
PRESCRIPTIONS COMMUNES A TOUS LES ENDUITS
 
4.1  Prescriptions générales
 
4.11  Les dosages en liant du mortier de chacune des couches constituant l'enduit doivent être dégressif le plus fort étant pour le gobetis ou couche d'accrochage.
 
4.12  L'emploi de mortier ayant effectué un début de prise est interdit (mortier rebattu)
 
4.13  Les enduits ne doivent pas être entrepris
- en période de gel (sauf précautions spéciales)
- sur des supports trop chauds ou desséchés - sous vent sec.
 
Commentaire: On admet habituellement que les travaux d'enduit peuvent être effectués lorsque température est comprise entre 5 et 30°C. Parmi les précautions spéciales à prendre au-dessus de 30'
 
On peut citer:
- La protection des supports contre un échauffement excessif
- L’humidification dans la masse des supports desséchés.
 
4.14  La tranche supérieure d'un enduit doit être protégée. Si la protection n'est pas assurée par une toiture ou une saillie (appui de baie débordant par exemple) il est nécessaire de rapporter un ouvra! Complémentaire (bavette).
 
4.15  L'enduit est réalisé soit au "jeté" directement sur le support, soit au jeté entre "nus et repères".
Commentaire: La méthode entre "nus et repères" permet d'obtenir des enduits à tolérance plus fine.
 
4.16  Au voisinage des chaînes d'angles en pierre, l'enduit doit être légèrement en retrait ou au même que la pierre mais non en saillie.
 
4.17  Les enduits extérieurs, autres que ceux en ciment pur, doivent être arrêtés au-dessus de la zone rejaillissement, soit au minimum 15cm sans toutefois être au-dessus de la coupure de capillarité pour 1 supports neufs.
 
4.2  Joints
Les joints sont destinés à:
- Localiser les fissurations de retrait; dans ce cas, ils doivent intéresser la totalité de l'épaisseur de l'enduit excepté le gobetis.
- Atténuer les défectuosités de reprises
- Obtenir éventuellement un effet esthétique. Dans ce cas, ils peuvent se limiter à la couche de finition... Les joints de structure doivent obligatoirement traverser l'épaisseur totale de l'enduit.
Lorsqu'ils intéressent la totalité de l'épaisseur de l'enduit, ils doivent être obturés par un mastic calfeutrement plastique.
 
4.3  Cueillies et angles
L'exécution des arêtes rapportées par recharge est interdite.
Les arêtes doivent être réalisées soit au mortier de ciment, soit au mortier bâtard, soit au ciment alumineux fondu, soit au ciment prompt et dans ce cas avec le mélange deux volumes de ciment prompt un volume de sable ou en mélange avec du cime Portland. Lorsque des profilés d'arrêt d'enduit incorporés sont prévus (cornières métalliques) ils sont préalablement fixés aux arêtes par scellement du mortier.

4.4  Enduit à pierres vues
Une finition à pierres vues afin de fondre et intégrer l’enduit dans la suite de la construction en pierre. Le principe est de combler les joints à fleur de parement, les pierres en saillie restent apparentes, le mortier est projeté dans les joints. Chaux hydraulique naturelle, sable 0,2 mm de carrière (jaune pâle)
A raison de 3,5 seaux de sables pour 1 de chaux
200 ml de terre d’ombre, 100 ml de terre de sienne, 20 ml de savon noir
Les espaces importants sont comblés avec de la pierre de récupération du site, les surépaisseurs
sont grattées à la truelle. La totalité de la surface est brossé avant durcissement pour homogénéiser l’ensemble, un balayage plus tardif viendra éliminer les traces de brosse.
Les joints ne doivent paraître ni en saillie ni en retrait du parement.
Une application de badigeon de réhumidification colorante (eau troublée de mortier) sera appliquer à l’ensemble du panneau traité pour adoucir la surface et intégrer la partie rénovée dans la généralité de l’ouvrage.